L’Enfant de sable

L’Enfant de sable

Deux voix, tour à tour, se croisent et reconstituent un labyrinthe dont les méandres conduisent à la mort d’une enfant, déposée par sa mère une nuit de forte marée, sur la plage de Berck sur mer. L’opinion publique s’enflamme et les aveux de la mère, d’origine africaine, précipitent un maelström de craintes, d’incompréhensions, de rejets et d’hypothèses haineuses. Abandon pur et simple, offrande rituelle, meurtre prémédité, sorcellerie, racisme ? La justice, elle, tente de percer le mystère d’une mécanique criminelle où le rationnel le dispute au dé-ment. Ni le retour sur l’itinéraire de la mère, ni le contre-point qu’ en offre l’enfant, ne livrent le fin mot du drame. Mais ils l’éclairent et l’inscrivent en résonance avec des sociétés écorchées et tentées, elles aussi, de succomber aux marées mon-tantes.

À propos

L’Enfant de sable, le roman de Pierre Tartakowsky (président d’honneur de la LDH), est un récit à deux voix : celle de la narratrice et celle de l’enfant. L’enfant est une petite fille, Abigaël – Aba. Elle vient de naître et raconte sa présence au monde et l’odyssée de sa maman de Dakar à Paris. Comme si les mots d’adulte étaient de tout temps inscrits dans la mémoire de l’enfant. Comme si l’enfant possédait le destin de protéger sa maman, aux prises avec ses démons. Comme si la position de la narratrice était celle d’un chœur d’une tragédie humaine. Le papa d’Aba s’appelle Philippe, un homme mûr, sculpteur et peintre ; il abrite Rose, décidée à vivre une manière d’émancipation en préparant une thèse sur Ludwig Wittgenstein. La lecture des œuvres du philosophe déborde de la vie quotidienne du couple avec l’enfant. Pour Rose, Philippe est un canard-lapin, et l’enfant se sauve en construisant un langage qui innocente l’acte de sa maman – son crime. Un jour, Rose prend le train et emmène Aba, non à Dakar comme le pense Philippe, mais à Berck-plage, et laisse l’enfant de quinze mois sur le sable, une laisse de mer, un endroit où les vagues s’en donnent à cœur joie. Et l’enfant est emportée par les eaux, et l’enfant est ramenée sur la plage, noyée. Le corps noyé, car l’esprit reste bien vivant et va circuler parmi les hommes qui s’affairent autour d’elle. Aba devient une voyante invisible et par sa voix, le lecteur découvre les péripéties du récit, l’investigation policière et celle du juge d’instruction. « Mourir fait prendre du recul », dit-elle. L’enfant, sortie des eaux, prend la main du lecteur pour le guider dans un monde voué à la recherche de la vérité, mais qui se crispe sur le mensonge généralisé et celui de Rose, si étrange en sa capacité de résistance aux sortilèges, au sabbat, à la mécanique des tantes et de la belle-mère, des belles garces. Maman joue la comédie. « Le temps passe et nous n’allons pas bien», dit Aba. Le passage du « je » au « nous » est lié à l’enfermement dans la prison. Aba remet sur pied Rose, dont le procès approche. Le tribunal est certainement le lieu où la réponse aux lancinantes questions « pourquoi avez-vous tué l’enfant ? », « pourquoi tu m’as tuée ? » pourra surgir. Aba se dédouble : elle reste près de Rose, comme l’ange protecteur, et elle s’installe auprès du président, « en majesté ».Pierre Tartakowsky signe avec L’Enfant de sable un roman émouvant et subtil, à la fois allégorie et merveilleux, qui puise ses sources dans l’histoire de Fabienne Kabou.

Philippe Pineau, Journal LDH

  • Date de parution : 3 avril 2018
  • ISBN : 9791097567026
  • 13x19 cm
  • 140 pages