Didier Daeninckx

Écrivain qui place au cœur de ses fictions la thématique sociale et l'enquête historique sur un passé travesti ou caché, son engagement prend sa source dans son environnement familial partagé entre le courant anarchiste, antimilitariste et le courant communiste. Son arrière-grand-père Sabas Séraphin Daeninckx, originaire de Gand, a déserté l'armée belge en 1884 et s'est installé dans la communauté flamande de Lille, à l'époque où le Belge Pierre Degeyter y compose la musique de L'Internationale. Son grand-père paternel Ferdinand, a lui aussi déserté l'armée en 1917 et, une fois menuisier, a acquis une parcelle à Stains appartenant à Émile Grindel, le père du poète Paul Éluard, où il a élevé son petit-fils. Son grand-père maternel, Jean Chardavoine, issu de la petite paysannerie charentaise, a quitté sa terre pour devenir un cheminot qui conduisait les Pacific, avant d'être élu en 1935 maire communiste de Stains puis conseiller général de la Seine. Sa mère, travaillant dans la confection puis dans les cantines municipales d'Aubervilliers, a milité dans le parti communiste, comme son père tôlier dans l'usine de construction automobile Hotchkiss. Elle a été notamment traumatisée par le matraquage de deux de ses amies dans l'Affaire de la station de métro Charonne laissant l'une morte, l'autre aphasique, ce qui fera s'interroger le futur romancier sur le rôle trouble du préfet Papon qui a ordonné de réprimer cette manifestation. Après le divorce de ses parents, Didier va vivre avec sa mère à Aubervilliers où il adhère aux Jeunesses communistes en 1963. Orienté dans le lycée technique Le Corbusier, il abandonne ses études à seize ans. Il est tout d'abord ouvrier imprimeur à partir de 1966, pendant douze ans (montant notamment une section CGT dans l'entreprise Johnson), puis animateur culturel et enfin journaliste localier qui lui fait découvrir le fait divers dans lequel il peut puiser sa matière romanesque. C'est au cours d'une période de chômage qu'il écrit en 1977 un premier roman, Mort au premier tour, où l'on voit apparaître le personnage névrosé de l'inspecteur Cadin. Refusé par dix éditeurs, il est finalement publié en 1982 par les Éditions du Masque mais passe complètement inaperçu. Le second, Meurtres pour mémoire (1984) qui, bien avant le procès Papon, plaçant doublement sous les feux de la rampe la dérive sanglante de la manifestation FLN du 17 octobre 1961 et la collaboration en 19406 est en revanche bien accueilli. Cet ouvrage publié dans la Série noire lui ouvre les portes de la notoriété...